Le 16 juillet 1897, sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte Face est alitée à l’infirmerie du monastère depuis une semaine déjà. En ce jour de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, elle se rappelle le désir missionnaire qu’elle éprouvait avant l’entrée de sa sœur au Carmel : « Ah ! Si ma Céline était là près de moi ! »

« Cela me semblait un rêve irréalisable. Pourtant ce n’était point par nature que je désirais ce bonheur, c’était pour son âme, pour qu’elle marche par notre voie… Et quand je l’ai vue entrer ici, et non seulement entrer, mais donnée à moi complètement pour l’instruire de toutes choses ; quand j’ai vu que le bon Dieu faisait cela, dépassant ainsi mes désirs, j’ai compris quelle immensité d’amour il a pour moi… »

C’est par l’amour qu’il éprouve pour sœur Thérèse que Jésus lui confie sa mission en inspirant au souffle de l’Esprit Saint, son ardent désir missionnaire : « Eh bien, ma petite Mère, si un désir à peine exprimé est ainsi comblé, il est donc impossible que tous mes grands désirs dont je parle si souvent au bon Dieu ne soient pas complètement exaucés. »

C’est par et dans l’amour de Jésus pour elle dont elle fait l’expérience que sainte Thérèse laisse affleurer en elle, le zèle missionnaire qui lui fait désirer embraser le monde du feu ardent de la miséricorde divine.

Sur cette voie d’abandon à la volonté de Dieu, nous comprenons alors que c’est l’amour que Jésus a pour chacun des membres de son Corps qui est l’Église et dont il est la tête, qui nous révèle chacune de nos missions et nous donne ainsi, de participer à la mission de l’Église d’annoncer l’Évangile pour « faire aimer l’amour ». Au jour de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, sainte Thérèse nous donne à penser que la Vierge Marie, Mère de l’Église, est aussi Mère de la Mission de l’Église.

Le lendemain 17 juillet, après avoir craché le sang, Thérèse dit : « Je sens que je vais entrer dans le repos… Mais je sens surtout que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le bon Dieu comme je l’aime, de donner ma petite voie aux âmes. Si le bon Dieu exauce mes désirs, mon Ciel se passera sur la terre jusqu’à la fin du monde. Oui, je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. »

Père Olivier Ruffray, Recteur du Sanctuaire, pour le numéro d’octobre de la Revue Thérèse de Lisieux