21 Février 1888 aux Buissonnets. « Thérésita », (c’est ainsi qu’elle signe la lettre à sa sœur Marie au Carmel), partage la joie que leur père lui a faite : « Ma chère petite Marie, le Mercredi des Cendres papa m’a fait un cadeau […] un petit Agneau ravissant et tout frisé » (LT 42).

La joie de toute la famille réchauffe l’atmosphère des Buissonnets qu’un manteau de neige blanc a recouvert : « Tout le monde était heureux, Céline était ravie que nous ayons un petit agneau d’un jour. » Le désir de saint Louis Martin ? Faire plaisir à Thérèse, tout simplement : « Ce bon petit Père m’a dit en me le donnant qu’il voulait, avant que j’entre au Carmel, que j’aie le plaisir d’avoir un petit agneau. »

Assurément, Thérèse est heureuse. Non pas seulement par le cadeau qui la ravit. Mais Thérèse est heureuse aussi de ce qu’elle comprend du cœur de son papa : « Ce qui m’avait surtout touchée, c’était la bonté de Papa en me le donnant. » La bonté de papa dilate le cœur de sa petite Thérèse. Dans cet élan du cœur qui libère l’amour, il lui est donné de grandir…

En effet, il neige sur Lisieux et le petit agneau nouveau-né quoique choyé et entouré, ne résiste pas au voyage qui le conduit aux Buissonnets : « Mais hélas ! la jolie petite bête est morte dans l’après-midi, elle avait eu trop froid dans la voiture où elle était née ; pauvre petite, à peine née elle a souffert, puis elle est morte. »

Alors Louis creuse la terre du jardin devant la buanderie. Céline esquisse « son portrait sur une petite toile ». « Le petit agneau… si gentil… à l’air si innocent » est déposé avec soin dans la terre. Son manteau de laine vierge et immaculée se confond désormais avec la neige : « Je n’ai pas voulu que ce soit la terre qui le recouvre, nous avons jeté de la neige sur lui et puis tout a été fini… »

Thérèse a 15 ans. Sa force d’âme est impressionnante qui nous montre déjà le chemin de sa “petite voie” : « Tu ne sais pas, ma chère Marraine, combien la mort de ce petit animal m’a donné à réfléchir. » Elle poursuit : « Oh oui ! sur la terre il ne faut s’attacher à rien, pas même aux choses les plus innocentes car elles vous manquent au moment où on y pense le moins. »

L’abnégation de la jeune Thérèse est déjà grande. Elle se laisse traverser par le mystère pascal de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus. Elle affirme à sa sœur aînée Marie : « Il n’y a que ce qui est éternel qui peut nous contenter. »

Que la lumière de Jésus-Christ Lui-même nous contente !.. Que le temps du Carême nous dépossède de nous-mêmes pour, en Église, suivre sainte Thérèse et abandonner notre propre volonté à la volonté de Dieu afin de redire avec elle : « Mon Dieu, je choisis tout ce que vous voulez » (Ms A, 10v).

Bon Carême avec sainte Thérèse et les saints Louis et Zélie Martin.

Père Olivier Ruffray, Recteur du Sanctuaire, pour le numéro de février de la Revue Thérèse de Lisieux